D'ultimes consultations se poursuivaient dimanche autour d'un nouveau plan d'austérité, avant sa présentation lundi par François Fillon qui pourrait annoncer, entre autres mesures, une hausse ciblée de la TVA mais a renoncé à une seconde "Journée de solidarité".
C'est le Premier ministre lui-même qui présentera ce "plan d'équilibre des finances publiques", comme il l'avait fait il y a moins de trois mois pour le précédent. Le chef du gouvernement tiendra une conférence de presse lundi à midi avant de parler aux Français sur TF1 à 20h00.
"L'heure de vérité a sonné", a averti François Fillon alors que l'exécutif, sitôt le chapitre du G20 refermé, se remettait à la tâche ce week-end pour dénicher les 6 à 8 milliards d'euros indispensables au respect des engagements financiers internationaux de la France.
Le Premier ministre a parlé du budget 2012 comme "l'un des plus rigoureux depuis 1945" alors que l'économie française s'enfonce dans le marasme, avec une prévision officielle de croissance ramenée de 1,75% à 1%.
Dimanche soir, le ministre de l'Economie François Baroin a prévenu que le nouveau plan d'austérité ne serait ni "une addition de mesurettes symboliques" pour satisfaire les agences de notation ni "un plan pour amuser la galerie".
L'idée d'une nouvelle "Journée de solidarité", sur le modèle de celle qui concourt depuis 2004 à la prise en charge des personnes âgées et des handicapés a cependant été abandonnée.
Selon le site du journal Les Echos, le gouvernement envisage d'accélérer la mise en oeuvre de la réforme des retraites de 2010, en réduisant la période de transition qui doit porter à terme à 62 ans l'âge légal de départ à la retraite.
Selon cette source "il ne s'agit pas de porter l'âge légal au-delà des 62 ans mais de réduire la période de transition, censée s'achever en 2018".
"La ligne directrice ce sera d'abord des économies en dépenses, et puis de la justice", c'est-à-dire que "tout le monde paiera à due proportion de ses capacités", a expliqué pour sa part la ministre du Budget Valérie Pécresse.
Depuis octobre, Paris vit sous la menace des agences de notations. Moody's a placé le précieux "AAA" de la France sous observation et s'est donné trois mois pour décider ou non d'abaisser la perspective de la note française de "stable" à "négative".
Sur le détail des mesures, les débats au sein du gouvernement sont allés encore bon train dimanche. Ministre influent, Alain Juppé a de nouveau défendu l'idée d'une hausse ciblée de la TVA, "un impôt qui est bon pour l'emploi".
Le taux réduit appliqué à la restauration, aux travaux de rénovation des logements ou aux divers emplois à domicile pourrait être relevé de 5,5% à 7%, au grand dam des organisations professionnelles.
Autre piste fiscale envisagée : une surtaxe exceptionnelle sur l'impôt des sociétés, visant les grands groupes.
Au centre, François Bayrou, président du Mouvement démocrate (Modem) a dénoncé un "plan déséquilibré, qui risque de "ne pas susciter l'adhésion du pays"."Il n'existe pas de plan rigoureux qui ne soit en même temps un plan juste, sans cela la société le rejette", a-t-il insisté.
L'opposition de gauche et les syndicats ont eux aussi sonné la charge. Le candidat PS à la présidentielle, François Hollande, verrait dans une hausse de la TVA "la preuve de l'inconstance, de l'incohérence de la politique qui est menée depuis 2007".
Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de Gauche, fustige "cette politique (qui) conduit à un affrontement avec le peuple et à l'affrontement des peuples entre eux".
"Ce sont des mesures qui font payer la population au lieu du système financier qui a la lourde responsabilité de la crise actuelle", a dénoncé le député PS Arnaud Montebourg, stigmatisant "les agences de notation (qui) devraient être mises hors la loi".
Eva Joly, candidate d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), a regretté que Nicolas Sarkozy n'ait pas le "courage" de s'attaquer "aux lobbies des niches fiscales". "Les solutions proposées sont du saupoudrage", a-t-elle dénoncé, elles "manquent de courage politique".
A l'unisson, le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, et celui de la CGT, Bernard Thibault, ont rejeté l'idée d'une nouvelle journée de solidarité, qu'ils ont assimilée à du "travail gratuit".
Quant à la CFTC, reconnaissant qu'il y a "des problèmes budgétaires" et qu'il "faut trouver de l'argent", elle a avancé une "contre-proposition" iconoclaste : réduire de 577 à 300 le nombre des députés pour un gain annuel de "277 millions d'euros".